Des bactéries contre la grippe aviaire

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Vivant・Santé

Des bactéries contre la grippe aviaire

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© Peb & Fox / Pierre Bessière / groupe Sciences pour tous du Syndicat national de l'édition. Crédits photos : Manuel Huynh.

Parce qu’un dessin vaut parfois mieux qu’un long discours, découvrez dans notre série Science Story des doctorants qui ont choisi de raconter leur thèse… en bande dessinée ! À l'occasion de la Fête de la science et du projet national de livre « Sciences en bulles », Pierre Bessière a collaboré avec le duo de scénariste et dessinateur Peb & Fox.

Par Hélène Pierre, de l’équipe Exploreur.

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© Peb & Fox / Pierre Bessière / groupe Sciences pour tous du Syndicat national de l'édition

 

Pierre Bessière est doctorant à l’École nationale vétérinaire de Toulouse – Laboratoire Interactions hôtes-agents pathogène (IHAP – ENVT/INRAE). Son sujet de thèse ? « Émergence de virus influenza aviaire hautement pathogènes : l'interface hôte, virus et microbiote ».

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots votre sujet de thèse ?

Nous avons tous entendu parler de la grippe aviaire, cette grippe des oiseaux provoquée par les virus influenza aviaires. Généralement faiblement pathogènes, ces virus sont hébergés dans le tube digestif des oiseaux, notamment des canards, qui les transportent d’un continent à l’autre lors de leurs migrations. Mais il arrive à ces virus de muter et de devenir hautement pathogènes. Ils causent alors des ravages au sein des élevages et de la faune sauvage, et peuvent représenter un risque pour l’homme.

J’étudie les capacités protectrices du microbiote intestinal face à ce type d’infection. Composé d’une multitude de bactéries hébergées dans l’intestin (mais également de champignons et même de virus), il façonne et stimule le système immunitaire. Son pouvoir protecteur naturel, particulièrement précieux en cas de maladie, pourrait être mis à mal par les traitements antibiotiques. Fort heureusement, l’utilisation de ces derniers est de plus en plus réglementée, que ce soit pour l’homme ou pour les animaux.

Pourquoi s’investir dans des projets de médiation ? Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au livre Sciences en bulles ?

La recherche scientifique est obscure par certains aspects. Les chercheurs vivent parfois dans leur bulle, à disséquer méticuleusement les interactions de telle protéine avec tel récepteur cellulaire. Participer à un projet de médiation scientifique comme « Sciences en bulles » [justement], c’est prendre de la hauteur et voir plus loin que les résultats bruts de son travail et l’aider à prendre tout son sens. Être reconnu dans son milieu en publiant en anglais ses travaux dans des journaux renommés est valorisant, mais rendre le fruit de son travail accessible à tous l’est encore plus à mes yeux. Au passage, cela permet de se poser des questions qui ne nous seraient pas venus à l’esprit autrement et ainsi de progresser sur le plan professionnel.

Trois planches de BD pour raconter sa thèse, c’est très court non ?!

Un projet de recherche est rarement en ligne droite : certains résultats soulèvent d’autres hypothèses imprévues, qui doivent être testées et tout peut rapidement partir dans tous les sens. Pour vulgariser une thèse, il faut nécessairement élaguer de nombreuses branches, surtout quand on a le droit à seulement trois planches ! Sans oublier le fait que certains termes et certains concepts ont beau nous paraître évidents, ils ne le sont souvent pas pour les non scientifiques et il faut prendre le temps de les expliquer.

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec PEB & FOX, auteur et illustrateur de cette bande dessinée ?

Tout a commencé avec une brève rencontre à Paris en décembre dernier. Ont suivi des échanges de courriels et des conversations téléphoniques parfois très longues. Il a fallu concilier entre d’une part, la volonté d’affirmer des faits et des vérités (« les probiotiques protègent contre la grippe ») et d’autre part, la nécessité de rester humble et prudent sur certains points (« certains probiotiques pourraient protéger contre la grippe »). On dit que le diable se cache dans les détails et c’est particulièrement vrai en médiation scientifique. À force de vouloir simplifier les choses, on peut aboutir à des non-sens. Chaque phrase et chaque dessin doivent donc être scrutés avec un œil attentif.

Et quoi de plus valorisant que de construire quelque chose avec des artistes, qui ne sera pas destiné à une élite parfois nombriliste, mais destiné à tous ! Cette expérience a été enrichissante à la fois sur le plan personnel et sur le plan professionnel, et m’a donné envie de participer à de nouveaux projets de médiation scientifique.

 

Fort de son succès en 2019, Science en bulles revient pour une deuxième édition autour du thème : Planète nature. Pas moins de 10 sujets de recherches universitaires, menées par des doctorants au cours de leurs thèses, sont présentés et expliqués. À nouveau, la démarche scientifique et la diversité des disciplines scientifiques sont illustrées au travers d’un art accessible, distrayant et engagé : la bande dessinée. Les sciences rejoignent ainsi le cœur de célébration de cette année 2020 : l’année de la BD. En partenariat avec le groupe Sciences pour tous du Syndicat national de l’édition (SNE), le Ministère de la Culture, la Conférence des présidents d’université (CPU) et le réseau Art+Université+Culture, ce livre permet la compréhension et l’appropriation de sujets scientifiques grâce au duo de bédéistes, Peb & Fox, qui ont scénarisé et mis en images les différents thèmes de recherche de dix doctorants.

Cette année, profitez d'une version numérique augmentée du livre mise en ligne sur le site de la Fête de la science le 2 octobre 2020.