À l’écoute des gouttes
Terre・Espace

À l’écoute des gouttes

Sonar - À l’écoute des gouttes

Marielle Gosset est une opportuniste. Enfin… elle est chercheuse en hydrologie et fait ce qu’on appelle des « mesures opportunistes ». Elle cherche des moyens de mesurer la pluie, partout dans le monde, à partir d’outils déjà en place et a priori pas faits pour ça. Elle étudie notamment la pluie en Afrique et en Amazonie grâce aux réseaux de téléphone mobile et aux capteurs de biodiversité...

Sonar, série de podcasts d’explorations scientifiques et sonores, vous embarque pour une aventure en immersion... Plongez dans ces récits où les sons se propagent et les sujets scientifiques deviennent des paysages.

🎧 Retrouvez ce podcast sur vos plateformes d'écoute (Deezer, Spotify, Amazon Music, Apple Podcasts et Google Podcast).

 

 

Avec le changement climatique, la pluie a tendance à avoir des effets de plus en plus intenses. Il faut donc mieux la documenter pour réagir mieux et plus rapidement face aux pluies diluviennes. Plus on comprendra, plus on pourra prévenir les risques. 

Mais la pluie est très mal mesurée à l’échelle mondiale. En Europe, les données sont nombreuses et précises, grâce aux radars météo. Mais ces équipements coûtent très cher, il est donc impossible d’en installer partout dans le monde. 

Marielle Gosset a donc commencé par miser sur les réseaux de téléphonie mobile… Lorsque la pluie tombe, les gouttes d’eau viennent affaiblir le signal transmis d’une antenne à une autre. La chercheuse en a conclu qu’elle pourrait tirer des informations sur les pluies en étudiant les perturbations qu’elles produisent sur les ondes. Les réseaux mobiles étant très bien développés sur l’ensemble des continents, on pourrait alors localiser et quantifier avec précision les précipitations un peu partout !

La découverte de cette alternative aux mesures classiques - appliquée avec succès en Afrique - a valu à Marielle une petite réputation. C’est comme ça qu’un jour, un de ses collègues brésiliens, Ayan Fleischmann du centre de développement durable de Mamirauá à Tefé, au cœur de l’Amazonie, l’a contactée pour lui soumettre une nouvelle piste…

Des scientifiques qui surveillaient la biodiversité en forêt amazonienne faisaient régulièrement des enregistrements sonores dont l’analyse était parfois rendue difficile par la pluie… Un même capteur pourrait donc documenter la biodiversité ET la pluie. En effet, en regardant un enregistrement sonore, avec un peu d’expérience, on peut repérer le cri d’un oiseau, le moteur d’une pirogue et la pluie sur les feuilles, parce que chacun de ces sons a une signature sonore

Mais pas si simple… Il s’agit de bien faire la différence entre le pshhiii du vent et celui de la pluie, le ploc des gouttes résiduelles sur les feuilles et celui de la pluie véritable, les bruits liés aux chocs et autres gouttes sur l’enregistreur… D’autant que la pluie n’a pas le même son en fonction de son environnement au Brésil, au Cameroun ou en Malaisie… 

 

 

Marielle Gosset est chercheuse en hydrologie à l'IRD - institut de recherche pour le développement, au sein du laboratoire GET - géosciences environnement Toulouse (Université de Toulouse, CNRS, IRD, CNES, OMP).

 

Sonar est une série et production Exploreur - Communauté d'universités et établissements de Toulouse. Coordination et suivi éditorial : Clara Mauler et Hélène Pierre, co-conçue et réalisée par Les Voix de Traverse : Aurélien Caillaux et Lucie Combes. Visuel : Delphie Guillaumé. Cet épisode est réalisé dans le cadre de La Nuit des chercheur·es et du projet Educ'eau en partenariat avec l'Agence de l'eau Adour-Garonne.