Mal luné… La faute aux astres ?

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Cultures・Sociétés

Mal luné… La faute aux astres ?

Lune et loup-garou

Si Harry Potter était né sous le signe des Gémeaux aurait-il eu une vie de famille plus facile ? La pleine lune favorise-t-elle la pousse des cheveux d’Hagrid et de ses citrouilles ? Et pourquoi pas aussi un être humain qui se transforme en loup féroce quand la Lune est pleine ? Beaucoup de croyances sont encore vivaces aujourd’hui, à Poudlard et ailleurs. Même si la plupart ne sont pas prouvées, scientifiquement. Faut-il pour autant les rejeter ? Ou juste en douter et les regarder avec un œil critique ? Pourquoi aime-t-on parfois y croire ? Ont-elles un rôle social et culturel ?

 

Au crible de la science est un podcast fait avec et pour les lycéen.ne.s pour faire bouger nos idées reçues.

 

Dans Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, on apprend (merci Miss Granger) la différence entre un Animagus et un loup-garou… L’un est un sorcier ou une sorcière capable de se métamorphoser en l’animal qui lui sied, tandis que l’autre subit les effets de la pleine lune. De la fiction bien sûr : tout le monde sait que ni l’Animagus, ni le loup-garou n’existent… Enfin… Si ? Non ? Pourquoi pas ? Leur existence n’a jamais été validée scientifiquement… jusqu’à preuve du contraire…

Aujourd’hui certaines personnes semblent encore croire au mythe du loup-garou. En tous cas, elles veulent ou aiment y croire. Pourquoi ? Car les croyances nous sont utiles, à nous, pauvres mortels ! Elles permettent par exemple de gérer des émotions, colère ou peur, en y associant des mots et des images : un loup-garou, un hippogriffe ou un chien à trois têtes. On pose alors une identité sur un mal, un ennemi, une inquiétude parfois inexpliquée.

Les métaphores, nous permettent souvent d’intégrer une information ou un état qui nous fait peur ou nous met mal à l’aise. En ce sens, la lycanthropie de Lupin (loup-garou et accessoirement prof à Poudlard), d’après les chercheurs et l’autrice elle-même, serait un reflet de la discrimination que les personnes malades ou ayant des handicaps invisibles peuvent subir : lorsque le secret de Lupin est percé à jour, il est contraint de démissionner de Poudlard, car un prof ne peut être loup-garou, même s’il est sous traitement.

Croire, c’est aussi un moyen d’intégrer une communauté qui partage cette même croyance : croire comme ses amis, comme ses parents (coucou les Malfoy). La croyance peut ainsi être un héritage culturel, conscient ou non. Et quand ces croyances entrent en contradiction avec d’autres opinions ou convictions personnelles… Et bien les scientifiques appellent cela une dissonance cognitive, c’est-à-dire la tension qu’on peut ressentir quand deux pensées entrent en contradiction : c’est mal de tuer oui, mais quand même, c’est Voldmort… En général, on résout cette tension avec une nouvelle croyance pas toujours logique « un Expelliarmus et bye bye Voldie » (un sort pas du tout méchant… Et oups… Il est mort.).

Les croyances se retrouvent du cours de défense contre les forces du mal au cours de divination… L’astrologie est bien considérée comme une croyance et non une science, même si elle se base sur des conceptions astronomiques (les signes du zodiaque correspondent aux constellations formées par des étoiles et parcourues par le Soleil au cours d’une année). Certes. Mais ce n’est pas pour autant que ces observations sont scientifiques. (Et si on creuse… L’astrologie utilise 12 constellations, comme les 12 mois de l’année. Or, l’astronomie définit 13 constellations zodiacales... La 13e est celle du Serpentaire… Tiens, tiens, Serpentaire… Serpentard… coïncidence ?)

Pourtant même le plus sceptique d’entre nous s’est déjà reconnu en lisant son horoscope. Si je vous dis que d’après votre signe « Votre altruisme, caractéristique de votre personnalité, vous amène à vous remettre en question lorsque vous blessez un proche », il y a forte chance que vous vous y reconnaissiez. C’est ce qu’on appelle l’effet Barnum : faire croire à une personne qu’un contenu lui est personnalisé, alors qu’il pourrait correspondre à qui voudrait l’entendre, tellement il est généraliste.

Et nous aurions tendance à encore plus y croire si le dressage de notre thème astral est positif ! En bref, Trelawney (la prof de divination à Poudlard) serait peut-être plus prise au sérieux si au lieu de lire « mort et fléaux » au fond de sa tasse de thé, elle annonçait « amour, gloire et beauté ».

Pour plus d’infos sur le sujet, on écoute l’épisode 6 de la saison 3 du podcast Au crible de la science avec deux scientifiques qui répondent aux questions des lycéen.ne.s.

 

Frédéric Pitout est enseignant-chercheur en astrophysique à l’Université Toulouse III - Paul Sabatier, au sein de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie - IRAP (CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier, CNES, OMP).

Bastien Trémolière est enseignant-chercheur en psychologie cognitive à l’Université Toulouse II - Jean Jaurès, au sein du laboratoire Cognition, langues, langage, ergonomie - CLLE (CNRS, Université Toulouse - Jean Jaurès, Université Bordeaux Montaigne). Il est également professeur associé au département de psychologie de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Canada.

 

Références conseillées par les invités :

 

La série de podcasts Au crible de la science est une coproduction Exploreur - Université de Toulouse x Quai des Savoirs - Toulouse Métropole. Préparation : Clara Mauler et Charlène Rivière. Présentation : Claire Burgain et Laurent Chicoineau. Réalisation : Arnaud Maisonneuve. Technique : Thomas Gouazé. Remerciements aux lycéen.ne.s et équipes enseignantes des lycées Paul Mathou à Gourdan-Polignan et Las Cases à Lavaur, au ministère de la Culture, au rectorat de l’académie de Toulouse, à l’IRES, au CLEMI et à Campus FM.

 

 

Les podcasts Au crible de la science sont accompagnés d’un kit pédagogique à destination des enseignant·es et des lycéen·nes pour guider l’appropriation de la démarche scientifique et l’éducation aux médias et à l’information. 

Consulter le kit pédagogique de la saison 3.