Micropolluants : eau secours
Maths・Ingénierie

Micropolluants : eau secours

Sonar eau micropolluants

On puise au quotidien dans les ressources en eau… Se laver, nettoyer, ou encore cultiver, fabriquer… Toutes ces actions ne sont pas sans conséquence. On y laisse des traces appelées « micropolluants ». Claire Albasi, chercheuse en génie chimique, étudie de nouvelles solutions pour dépolluer l’eau dans les stations d’épuration.

Sonar, série de podcasts d’explorations scientifiques et sonores, vous embarque pour une aventure en immersion... Plongez dans ces récits où les sons se propagent et les sujets scientifiques deviennent des paysages.

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Réveil matin 7 heures, on se réveille comme une fleur… Qu’on soit du matin ou non, le lever est souvent associé à un passage au cabinet. Acte anodin en apparence, il contribue à rejeter de multiples molécules, plus ou moins embêtantes, dans les eaux usées. Preuve irréfutable, le taux d’azote atteint un pic… à l’heure du pipi matinal. 

Le pipi, qui peut contenir des traces des médicaments ingérés, n’est pas le seul responsable. On peut y ajouter d’autres gestes du quotidien : se laver, faire le ménage, désherber le jardin ou encore faire la vaisselle (dont on se passerait bien…). 

Toutes ces eaux usées continuent leur voyage jusqu’à la station d’épuration pour être « nettoyées » de ces polluants. Mais certains y échappent plus facilement - les micropolluants. Les stations d’épuration n’étant pas dimensionnées pour les traiter, ils se faufilent et s’infiltrent dans les fleuves et les rivières. 

Ne vous fiez pas à leur taille microscopique et leur faible concentration dans l’eau, ils peuvent perturber les hormones et ralentir la croissance des organismes vivants en contact avec eux. Certains d’entre eux sont très gênants - les PFAS. D’origine anthropique (du grec ancien « ánthrōpos » : « être humain »), ces « polluants éternels » s’accumulent dans l’environnement et les organismes vivants. 

C’est ici que Claire Albasi, chercheuse en génie chimique, entre en scène. Armée d’un « bioréacteur » composé d’une membrane (une sorte de filtre) et de bactéries, elle débarrasse l’eau de ses micropolluants. La membrane les retient, puis les bactéries, affamées par la chercheuse, les grignotent (faute de mieux à se mettre sous la dent…). Bien que cette méthode soit plus lente, elle a l’avantage d’être moins coûteuse que les procédés d’épuration déjà existants.

Sur le papier ça paraît très simple, sauf que les bactéries peuvent être capricieuses. La scientifique tente de comprendre pourquoi certaines molécules sont dégradées et pas leurs voisines, et pourquoi parfois d’autres molécules polluantes sont créées après avoir été mangées par les bactéries. Pour étudier cela, elle va sur le terrain. Et pas n’importe quel terrain : la station d’épuration - un laboratoire à grande échelle où chercher des solutions afin de préserver « l’or bleu ».

La solution la plus efficace et économe reste de ne pas polluer l’eau. Pas besoin de se retenir d’aller aux toilettes, il suffit simplement de consommer le Doliprane avec modération !

 

 

Claire Albasi est chercheuse CNRS en génie chimique et dépollution des environnements contaminés, au sein du laboratoire de génie chimique - LGC (CNRS, Institut national polytechnique de Toulouse, Université de Toulouse). Elle est membre du comité de direction du défi clé Water Occitanie.

 

Sonar est une série et production Exploreur - Communauté d'universités et établissements de Toulouse. Coordination et suivi éditorial : Clara Mauler, Eva Bouloux et Hélène Pierre, co-conçue et réalisée par Les Voix de Traverse : Aurélien Caillaux et Lucie Combes. Cet épisode est réalisé dans le cadre de La Nuit des chercheur·es et du projet Educ'eau en partenariat avec l'Agence de l'eau Adour-Garonne.