Le blob : un unicellulaire capable d'apprentissage
C’est un être de science-fiction qui vit dans nos sous-bois, sur le sol ou les troncs d’arbre : une seule cellule, qui peut s’étaler en rampant sur plusieurs mètres carrés, se mouvoir et grossir, en engloutissant les microbes rencontrés.
Par Anne Debroise, journaliste scientifique.
Parce qu’il n’est ni un animal, ni un végétal, ni un champignon, on le classe parmi les « amibozoaires ». Le blob, nom familier du Physarum polycephalum, fascine David Vogel et Audrey Dussutour, du Centre de recherches sur la cognition animale :
« Nous avons montrer que le blob est capable d’apprendre de ses congénères »
s’enthousiasme cette dernière.
Les blobs éprouvent une répulsion naturelle pour le sel. Ils hésitent avant de ramper sur un pont salé derrière lequel on a déposé les céréales dont ils se nourrissent. Seuls ceux qui ont été confrontés plusieurs fois à la situation le traversent rapidement. Les chercheurs ont mis en présence blobs " naïfs " et blobs " expérimentés ". Dès qu’ils se touchent, leurs membranes fusionnent. Confronté à l’épreuve du pont de sel, le nouvel individu le franchit sans hésitation, preuve que sa composante " expérimentée " a transmis l’information sur l’innocuité du sel à sa composante " naïve ". Pour Audrey Dussutour :
« le blob est un être vivant fascinant, car ils nous renseignent sur nos origines. Apparu il y a plus de 500 millions d’années, il nous prouve que l’apprentissage a précédé l’émergence du cerveau. »
CRCA : Centre de recherches sur la cognition animale - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier