Soins « à la carte » grâce à la médecine personnalisée

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Vivant・Santé

Soins « à la carte » grâce à la médecine personnalisée

Médecine personnalisée
© Benedikt Geyer, Unsplash

Depuis 2015, les équipes de l’institut Cardiomet, innovent en matière de stratégies de prévention et de traitement des maladies métaboliques et cardiovasculaires. Décryptage d’une orientation vers une médecine plus personnalisée.

Par Valérie Ravinet, journaliste. Article co-publié par Exploreur et par l'Université Toulouse III - Paul Sabatier.

Pour la plupart des pathologies, en premier lieu les maladies chroniques, cardiovasculaires et métaboliques, l’application d’une stratégie uniforme, appliquée à tous les patients, n’est pas adaptée. Ce n’est ni la bonne réponse en terme médical, ni en matière d’économie de santé. « Nous devons nos premières réflexions sur la nécessité d’individualisation des approches médicales aux généticiens, qui ont mis en exergue l’influence du patrimoine génétique, différent d’un individu à l’autre », introduit le Professeur Pierre Gourdy, diabétologue, co-coordinateur de l’institut Cardiomet.

« Nos organismes réagissent différemment en termes de physiopathologie et de réponses aux traitements. Un des enjeux de la médecine d’aujourd’hui est de parvenir à générer une sorte de « carte de visite individuelle » pour apporter les meilleures réponses possibles, nécessairement personnalisées »,

résume Pierre Gourdy.

Au plus proche de chaque patient

Créé en 2015 par le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, l’institut Cardiomet a pour objectif de promouvoir une médecine de pointe dans le domaine des maladies cardiovasculaires et métaboliques et ceci en lien avec plusieurs laboratoires de recherche. Sa mission : préparer la médecine de demain. « La médecine actuelle repose essentiellement sur des preuves issues de grandes études cliniques. Les moyennes établies à partir de ces essais ont jusqu’alors guidé les choix médicaux, tant préventifs que thérapeutiques. On se rend compte aujourd’hui que le raisonnement doit évoluer pour apporter des réponses plus proches de chaque patient, car la moyenne ne s’applique pas à l’individu », avance le Professeur Jérôme Roncalli, cardiologue, co-coordinateur de l'institut Cardiomet.

Dans le domaine des maladies métaboliques et cardiovasculaires, les démarches entreprises ont pour objectif de mieux caractériser les prédispositions individuelles aux maladies ainsi que l’impact des différentes thérapies. Des travaux prometteurs portent par exemple sur le microbiote intestinal, en lien avec des chercheurs de l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC), avec un champ d’application large : détection de pathologies artérielles, cardiaques, hépatiques…

« Ces nouveaux marqueurs pourraient permettre de sélectionner les patients les plus à risque de développer ce type d’affections et avoir une attitude médicale plus intensive, une surveillance plus attentive et un traitement mieux individualisé »,

précise le Professeur Pierre Gourdy.

Innover pour influencer les diagnostics et les réponses thérapeutiques

Un des premiers éléments de personnalisation est la prise en compte du sexe des individus qui peut influencer les démarches diagnostiques (signaux d’alerte cardiaque différents) et les réponses thérapeutiques. L’intégration de l’environnement et du mode de vie, ainsi que l’identification de nouveaux biomarqueurs, pour une prise en charge spécifique et personnalisée constituent des démarches innovantes. « Les trajectoires des patients sont différentes. La personnalisation de la prise en charge doit permettre d’apporter une réponse adaptée à chaque situation. La gamme des propositions peut aller d’un simple accompagnement dans le cadre d’intervention non médicamenteuse à des propositions thérapeutiques plus sophistiquées », poursuivent les professeurs.

En discussion : l’intérêt d’analyser le profil du microbiote intestinal pour prédire la réponse à certains traitements du diabète. « Au lieu de tester l’efficacité du traitement pendant plusieurs mois chez tous les sujets, ce type d’approche pourrait permettre d’identifier au préalable les profils non répondeurs et d’éviter de les exposer au traitement », détaille Pierre Gourdy.

 

Institut Cardiomet travaille en collaboration avec l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC), l’Institut de recherche en santé digestive (IRSD), le Laboratoire d’épidémiologie et analyses en santé publique (LEASP), STROMALab et Toxalim.

I2MC : Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (Inserm et Université Toulouse III - Paul Sabatier).