Voyage dans le temps sur le Canal du Midi

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Sciences de la matière

Voyage dans le temps sur le Canal du Midi

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Reportage en… deux temps, trois sources, et neuf lieux ou comment la photographie, hier et aujourd’hui, nous renseigne sur le Canal du Midi : la chambre de voyage est une technique qui est, et fait patrimoine.

Chambre de voyage
Chambre de voyage, collection des instruments anciens de l’Université Toulouse III - Paul Sabatier, © Véronique Prévost, UT3.

Par l’équipe Exploreur en collaboration avec Carlos de Matos, enseignant-chercheur à l'Université Toulouse III - Paul Sabatier, responsable des instruments du Service commun d'étude et de conservations des collections patrimoniales.

Photographier, c’est littéralement « peindre avec la lumière », et le principe est connu depuis plusieurs siècles, mais sa mise en application a été plus laborieuse. Les premières photographies apparaissent au XIXe siècle.

« Un rayon de soleil qui pénètre par un petit trou dans une chambre obscure dessine sur le mur opposé l’image inversée du décor extérieur ».

Ce phénomène observé par Léonard de Vinci en 1515 lors de ses travaux sur la camera obscura est à la base du procédé photographique. Mais il a fallu attendre 1816 et Nicéphore Niepce pour voir la première photographie : l’impression de l’image posait des questions plus complexes à résoudre pour les chimistes. Louis Daguerre poursuivra ensuite ces travaux en mettant au point en 1838 le premier procédé incluant la phase de développement, avec la création du daguerréotype. Puis William Henry Fox Talbot, dépose le brevet du calotype (procédé négatif/positif) en 1841. Tout au long du XIXe siècle plusieurs procédés de développement vont être testés et mis au point.

A l’automne 1872, le photographe toulousain Eugène Delon reçoit une commande particulière : réaliser un reportage photographique sur le Canal du Midi, pour présenter en images cette « merveille de l’Europe » lors de l’exposition universelle de Vienne qui débute le 1er mai 1873. En février, il embarque 200 kg de matériel pour réaliser ces prises de vue sur différents sites.

Il utilise une chambre de voyage, avec un procédé de développement à l’albumine. Cet appareil est du même type que le modèle fabriquée par E.Gilles à Paris. Le soufflet permet de régler le tirage en fonction de l’objet à photographier. Plus l’objet est proche, plus l’image sera éloignée et agrandie. A contrario, pour un objet plus éloigné, on diminue la profondeur de la chambre et l’image est plus petite. Une fois les réglages effectués, la prise de vue se fait en tirant la ficelle, qui enclenche l’ouverture d’un diaphragme. Il ne reste plus qu’à développer…

Et il a ainsi laissé une trace en images du Canal du Midi au XIXe siècle, qui font à leur tour trace du procédé technique et donc des connaissances scientifiques mis en œuvre.

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Figuier L. ,1891, Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6, Paris, Furne, Jouvet et Cie., p.74.

Le développement à l’albumine

Pour développer, il est nécessaire de fixer sur une plaque de verre les sels sensibles avec de l’albumine pour produire des clichés d’une grande finesse. Les plaques sont donc préparées avant exposition : il faut dissoudre de l’iodure de potassium et un peu d’ammoniac dans des blancs d’œufs, les battre en neige très ferme, laisser reposer entre 12 et 24h, et récupérer le liquide au fond du récipient : c’est l’albumine photographique. Les plaques de verres sont enduites avec cette préparation, et le séchage dure ensuite 12 heures. Elles sont ensuite sensibilisées dans un bain de nitrate d’argent, puis rincées, et séchées de nouveau, à l’abri de la lumière. Ces plaques préparées sont utilisables pendant environ 2 semaines.

Le temps d’exposition dépend essentiellement de la luminosité de la scène à photographier et de la sensibilité de la plaque photographique. Il peut atteindre plusieurs dizaines de minutes. La plaque est ensuite recouverte d'une solution d'acide gallique et d'une solution de nitrate d'argent en alternance pour obtenir les densités désirées. Le fixage est réalisé avec une solution de thiosulfate à 10%. Les plaques sont ensuite lavées.  La tonalité de l'image obtenue va de l'ocre-orangé au vert olive selon le développement comme en témoignent les photographies d’Eugène Delon. 

Reportage

Par ces vues du Canal du Midi, effectuez un voyage dans le temps : découvrez l’ouvrage tel qu’il était en 1873, grâce à Eugène Delon et tel qu’il est en 2018, grâce à Charlotte Candido. Même angle de prise de vue, avec 145 ans d’écart.

Ce reportage a été réalisé dans le cadre du projet Lab’Oc. Ce laboratoire du patrimoine propose une mise en récit du Canal du Midi, et en particulier de sa relation avec le monde universitaire en s’appuyant sur l’histoire et les collections. Il invite à une visite en réalité virtuelle, sur une péniche, accompagnée de vitrines pour amorcer ou prolonger la visite.

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Le Canal latéral près de la Pointe du Tarn © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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Le bassin de l'Embouchure © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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L'obélisque de Naurouze © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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La digue de Saint-Ferréol © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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Le mur du bassin de Lampy © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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Le port de Castelnaudary © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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Le pont-canal de Fresquel © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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Le tunnel de Malpas © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018
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Les écluses de Fonséranes © Archives des Canaux du Midi, VNF, 1873 © Charlotte Candido, 2018