Environnement : au royaume des chiffres

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Maths・Ingénierie

Environnement : au royaume des chiffres

environnement : au royaume des chiffres

L'émission Au crible de la science revisite les grands thèmes de société vus par les lycéens et les porte au regard des scientifiques. Empreinte écologique, empreinte carbone, jour du dépassement… Que de chiffres pour ce premier épisode de la saison 2 du podcast !

Les indicateurs mesurant l’impact des activités humaines sur l’environnement foisonnent. Mais selon leur usage et leur réception, les chiffres peuvent dire tout… et son contraire. Et parfois semer le doute chez les élèves de terminale STI2D (sciences et techniques de l'industrie et du développement durable) du lycée polyvalent Le Garros à Auch. Le statisticien au Ministère de la transition écologique Jean-Louis Pasquier et le doctorant de l'Université Toulouse III - Paul Sabatier, en psychologie sociale et communication environnementale Andreas Eriksson révèlent le dessous des chiffres.

 

Morceaux choisis

« L’empreinte carbone mesure les émissions de gaz à effet de serre nécessaires à la production des services et biens de consommation des français. Elle prend en compte les productions sur le territoire mais aussi les importations. L’empreinte écologique, elle, mesure la surface nécessaire à la production de biens de consommation d’une population. Lorsque l’on dépasse la surface de la Terre, c’est le jour du dépassement. »

« Aujourd’hui on atteint 9 tonnes de gaz à effet de serre par personne et par an en France. Si on devait respecter la quantité de gaz à effet de serre que l’on pourrait émettre pour ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique, il faudrait atteindre 3 tonnes par personne. »

« Dans le milieu scientifique, le mode de fonctionnement c’est le contrôle par les pairs avant la publication dans les revues scientifiques. Tout le monde ne peut pas s’approprier ces chiffres, c’est difficile. C’est trop technique. Je suis de ceux qui sont persuadés que nos productions sont d’abord destinées à des relais d’opinion, en l’occurrence les journalistes, pour ensuite atteindre le grand public. »

Jean-Louis PASQUIER est chef du bureau des synthèses économiques et sociales sur l’environnement au Ministère de la transition écologique, Service des données et études statistiques, Sous-direction de l’information environnementale. Il a développé le mode de calcul de l’empreinte carbone en France.

 

 « L’usage du chiffre foisonne en communication environnementale. Que cela soit par les États, les ONGs, les entreprises. Le dénominateur commun est de pouvoir légitimer et justifier son action, avec l’argument d’objectivité et de neutralité du chiffre. Le chiffre fournit l’illusion du fait scientifique. »

« Les chiffres, c’est la partie visible d’un iceberg : en dessous il y a des choix méthodologiques, des formules mathématiques, les sources, les marges d’erreur, tout ce qui va affecter la validité d’un chiffre. Par exemple il existe un Indicateur de performance environnementale (IPE) : selon les modèles, la France se situe au 4ème ou au 20ème rang… On imagine bien l’usage que l’on peut ensuite en faire dans les discours. »

« Ce n’est pas tant le chiffre qui suscite la méfiance mais son usage. C’est une méfiance sous-jacente, qu’elle soit médiatique ou politique, comme le montrent de nombreux sondages nationaux. »

« On est enseveli de chiffres, pourcentages, de moyennes. Aujourd’hui on entend beaucoup parler d’éco-lassitude, de green fatigue, de blues écologique et plus récemment d’éco-anxiété chez les jeunes. Même chez les jeunes doctorants qui travaillent sur ces questions. »

Andreas ERIKSSON est doctorant à l'Université Toulouse III - Paul Sabatier, en psychologie sociale et communication environnementale au LERASS (Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales. Université Paul Sabatier – Toulouse III, Université Toulouse – Jean Jaurès, Université Montpellier – Paul Valery). Il enseigne également au Centre des sciences humaines de l’INSA-Toulouse.

 

Références conseillées par les invités

  • Catherine et Raphaël Larrère, Le pire n’est pas certain - Essai sur l'aveuglement catastrophiste ; éditions Premier Parallèle, Collection Générale ; 2020 ; 208 pages.

 

Sources citées pendant l’émission

 

Consulter le dossier pédagogique de la thématique Environnement

 

au crible de la science
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Le podcast Au Crible de la Science est une coproduction Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées - Exploreur  et Toulouse Métropole - Quai des Savoirs.
Animation : Sophie Chaulaic - journaliste
Préparation : Catherine Thèves, chercheuse CNRS.
Réalisation : Arnaud Maisonneuve.
Technique : Thomas Gouazé et Laurent Codoul
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Production radiophonique conçue en partenariat avec le Ministère de la Culture, l'Académie de Toulouse, le CNRS et Campus FM.