Malin comme un blob, avec Audrey Dussutour

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Vivant・Santé

Malin comme un blob, avec Audrey Dussutour

audrey dussutour
© 2020 - photos : Sébastien Chastanet, OMP

La série « Les 2 font la paire » met en scène des couples insolites… Un ou une scientifique et un objet. Découvrez pourquoi ils se sont choisis et ce qu’ils représentent l’un pour l’autre.

Par Hélène Pierre, de l’équipe Exploreur.

Pour ce portrait original, l’équipe Exploreur a demandé à des chercheurs de différentes disciplines de venir avec un objet évoquant leur thématique de recherche. Une occasion de parler de leurs travaux, de leur métier, des rencontres qui les ont marqués durant leur parcours et de ce qui les anime dans leur quotidien, en laboratoire ou sur le terrain.

 

dussutour eponge
© 2020 - Sébastien Chastanet, OMP
dussutour portrait
© 2020 - Sébastien Chastanet, OMP

 

Audrey Dussutour est chercheuse CNRS et mène ses travaux au sein du Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA). Pour cette séance photo, cette spécialiste du comportement animal a choisi d’apporter une figurine de Bob l’éponge. Ce petit personnage jaune connu des enfants est en réalité le sosie de cette drôle de créature qu’elle étudie : le blob. Il ne faut pas se fier à son apparence. Ressemblant tout à la fois à une éponge flasque, une omelette informe ou un brocoli, le blob, ou Physarum polycephalum pour les scientifiques, est un être au comportement exceptionnel. Cet organisme primitif, qui a environ 1 milliard d’années, n’est ni animal, ni végétal, ni champignon. Cet ovni de la biologie respire, grossit, se déplace, digère, malgré l’unique cellule qui le compose.

 

« L’intelligence n’est pas toujours là où on l’attend »

 

C’est au cours de son post-doctorat en Australie qu’Audrey Dussutour, spécialiste des fourmis, est amenée à travailler sur un blob. Elle décide alors d’en rapporter à Toulouse et observe et analyse depuis son comportement. Malgré son absence de cerveau et de système nerveux, le blob est le seul organisme unicellulaire connu à ce jour capable d’apprentissage et de mémoire. Le blob sait fusionner, résoudre des problèmes, transmettre des informations et réagit à des signaux de stress. Il peut entrer en dormance – prenant alors l’allure d’un lichen desséché - avant de se régénérer une fois réhydraté, faisant de lui un organisme quasi immortel.

L’étude du comportement du blob ouvre la voie à des avancées scientifiques majeures dans des domaines variés tels que la médecine (recherche de nouveaux antibiotiques et de traitements efficaces contre le cancer) ou encore l’intelligence artificielle et la neurobiologie.

 

CRCA : Centre de Recherches sur la Cognition Animale (CNRS, Université Toulouse III – Paul Sabatier)

 

> Écoutez l’interview d'Audrey Dussutour. Réalisation : © Catherine Thèves et Vincent Ducasse (Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées, Campus FM Toulouse).