Portraits oubliés de la Faculté de médecine : un patrimoine historique et artistique à sauvegarder

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Vivant・Santé

Portraits oubliés de la Faculté de médecine : un patrimoine historique et artistique à sauvegarder

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La faculté de médecine Purpan de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier conserve et expose une collection de 45 huiles sur toile, inscrite au titre des monuments historiques depuis 2009. Peu de personnes connaissent cette galerie représentant d’illustres figures toulousaines de la médecine.

Par Amaël Duneau-Délis et Lucile Pinasa-Causse du service commun d’études et de conservation des patrimoines scientifiques de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier.

De cette véritable galerie d’illustres, la petite et la grande histoire de Toulouse nous apparait.

La médecine à Toulouse, c’est une histoire qui s’écrit depuis 1229. Et quelle histoire ! Que l’on soit médecin de la reine, comme Auger Ferrier ou Antoine Dumay qui conseillèrent respectivement les reines Catherine de Médicis et Marguerite de Valois ; que l’on soit pionnière dans sa discipline comme Marthe Condat qui fut parmi les premières femmes reçues à l’agrégation des Facultés de médecine en France (1923), puis titulaire d’une chaire universitaire à Toulouse (1932) ; ou que l’on soit héros de la Résistance, comme Joseph Ducuing ou Camille Soula, l’histoire de la médecine a laissé son empreinte à Toulouse.

De cette histoire, l’Université Toulouse III - Paul Sabatier conserve une collection de 45 portraits peints encore aujourd’hui exposés dans les locaux historiques de la Faculté de médecine Purpan, 37 allées Jules Guesde, au cœur du quartier des sciences de Toulouse. Parmi ces tableaux, un fonds ancien de 1776 comptant 20 portraits et une autre collection datant de la fin du XVIIIe – début du XIXe siècle ont été identifiés. Ce patrimoine artistique et historique représente un témoignage capital pour l’histoire de la médecine et de son enseignement dans la ville rose. Un précieux héritage donc, au regard de l’histoire locale et culturelle.

Si la plupart de ces figures sont inconnues du grand public, de grands noms surgissent cependant : Antoine Dumay, Pons-François de Purpan, Alexis Larrey etc.! Mais qui sont-ils exactement ?

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Antoine Dumay (1550-1611)

Professeur à la Faculté de médecine dès 1588 à la chaire d’hygiène et thérapeutique, il reste quelqu’un de discret, laissant la publication d’ouvrages à d’autres auteurs comme le philosophe et médecin Francisco Sanchez. Antoine Dumay était fin diplomate et excellent homme d’affaire, qualités qui l’érigèrent au rang de conseiller et premier médecin de Marguerite de Valois, sœur du roi Henri III et épouse d’Henri de Navarre, futur Henri IV.

 

 

 

Portrait Purpan

 

 

Pons-François de Purpan (1593-1660)

Si sa renommée est en partie due à ses titres et ses propriétés, son implication dans le monde de la médecine, que ce soit dans l’enseignement ou bien par ses travaux ont voué son nom à la postérité. Il est désigné en 1628, avec d’autres médecins comme Jean Lecoq, pour l’écriture d’un registre des médicaments nécessaires à Toulouse. Son talent de praticien ne passe en effet pas inaperçu aux yeux des capitouls et du procureur du roi à l’origine de cette décision. Durant 20 ans il collaborera à l’édition de la première version de la Pharmacopée toulousaine ou Codex medicamentarius.  

 

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Alexis Larrey (1750-1827)

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, le nom de Larrey marque à plusieurs reprises l’histoire de la médecine. Dans le contexte post-révolutionnaire où les universités ont été supprimées, Alexis Larrey fonde avec l’aide de quelques collègues, la Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie, projet qui  soutenu par la ville de Toulouse et ouvre ses portes en 1801. Il y enseigne l’anatomie durant trois ans, jusqu’à ce que la Société soit remplacée par l’École impériale de médecine. Très impliqué dans ses fonctions, il est également titulaire de la chaire d’Anatomie et Physiologie, qu’il conserve bien des années après son remplacement à la tête de l’École de médecine.

 

Aujourd’hui cet important patrimoine porte la marque du temps : toiles distendues, lacunes, soulèvement de couche picturale, châssis infestés, et autres altérations contre lesquelles l’Université Toulouse III - Paul Sabatier a engagé, depuis 2019, un vaste chantier de restauration.

Ces œuvres, dont certaines sont aujourd’hui en grand danger, nous racontent également une histoire pour qui sait les décrypter. Laissons Jérôme Ruiz, conservateur-restaurateur du patrimoine travaillant auprès de l’atelier Meyerfeld-Ruiz-Abreu, nous la raconter.