Dossier

SPORT : nos limites

Comment aller toujours plus loin, plus vite ou plus fort sans dommage pour le corps et l’esprit ? Le culte de la performance chez les sportives et les sportifs est une vertu non sans danger. Les scientifiques toulousains innovent pour améliorer les conditions d’exercices du sport de haut niveau (professionnels ou amateurs). Ce dossier enrichira vos commentaires des JO de Tokyo 2021 et dans l'immédiat, accompagnera une reprise d'activités tant attendue. Quel que soit son niveau, le sport est toujours une question de limites.

Éditorial

Par Maxime Valet, Médecin du sport au Centre de ressources, d'expertise et de performance sportives (CREPS) de Toulouse, escrimeur handisport double médaillé de bronze aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016.

Le sport de haut niveau est une recherche permanente de performance comme l’indique le slogan des Jeux olympiques « Citius, Altius, Fortius » qui signifient « plus vite, plus haut, plus fort ». Les athlètes cherchent à dépasser sans cesse les limites physiques et physiologiques de leur corps. Pour cela, toutes les compétences et expertises sont sollicitées, la recherche scientifique y compris !

Pour parfaire leur « mental de champion », les sportifs s’entrainent beaucoup et expérimentent diverses méthodes de préparations. Les aspects psychologiques sont de moins en moins vus comme une faiblesse. La préparation mentale a ainsi été utilisée par plus d’un athlète français sur deux aux Jeux olympiques de Rio. Il existe à Toulouse un Diplôme universitaire « aspects mentaux de la performance sportive pour l’entraineur ». J’ai eu l’opportunité de participer à ces séances avant les Jeux Paralympiques de 2016 avec un travail de visualisation mais aussi de mises en situations de stress et d’inconfort pour se préparer au mieux pour le jour de la compétition. Cet aspect de l’entrainement ne peut plus être négligé de nos jours, et les préparateurs mentaux doivent être intégrés aux staffs sportifs.

Les sportifs travaillent pour améliorer leur geste et ce souvent dans la douleur ou au détriment de leur santé. Dans les sports de contact, il y a une recherche permanente de puissance et d’impact sur son adversaire. Cette augmentation des chocs induit de nouvelles pathologies qui étaient jusqu’alors surtout observées dans les sports mécaniques lors des accidents. Dans le football américain, des études ont montré que les chocs répétés à la tête sont responsables d’une augmentation des pathologies neurodégénératives. Dans le rugby, les commotions cérébrales sont prises très au sérieux avec la mise en place de protocoles spécifiques pour limiter le risque de deuxième impact.

Malgré ces risques, l’espérance de vie des sportifs de haut niveau est supérieure à la population générale. En tant que médecin du sport, je veille, avec mes collègues, au développement de l’activité sportive pour la santé physique et morale de tous :  hommes, femmes, enfants, personnes âgées ou porteuse de pathologies chroniques ou de handicap.

Il y a encore du chemin à parcourir pour démocratiser l’activité physique dans notre société. Quand on regarde le sport à la télévision, il y a de très fortes disparités : le sport masculin est quasi omniprésent. Le sport féminin ainsi que le handisport essayent de se faire une place, mais il y a beaucoup de stéréotypes et d’images bien ancrés. Malgré cela, il y a, de nos jours, de plus en plus de petites filles qui jouent au football et de petits garçons qui font de la danse. Le genre dans le sport n’existe que parce que nous le créons. Notre recherche du côté spectaculaire du sport, nous empêche de voir ce que d’autres profils d’athlètes peuvent nous apporter.

Les records dans le sport sont faits pour être battus et nos limites pour être repoussées en permanence. Il ne faut pas pour cela sacrifier notre santé mais nous permettre de s’entrainer de façon plus efficiente. Ce dossier vous en présente des exemples remarquables, de recherches scientifiques toulousaines qui œuvrent pour améliorer les pratiques sportives de tout niveau. À vos marques, prêts, lisez !