Mettre l’esclavage en mots [Mondes sociaux]

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Cultures・Sociétés

Mettre l’esclavage en mots [Mondes sociaux]

Poings levés et enchaînés
© Flaticon Freepik

Comment expliquer la place relativement récente, spectaculaire et fortement médiatisée, prise par le passé esclavagiste dans les initiatives et les débats publics actuels ? En effet, longtemps inexistante ou peu significative, voire objet d’un déni officiel, la mémoire collective de l’esclavage n’a véritablement pris son essor qu’à partir des années 1990. Portée par des initiatives émanant de la société civile et de l’action militante, souvent relayées par les pouvoirs publics, elle s’est depuis mondialisée au point de devenir parfois hypermnésique.

Par Nathalie Dessens et Richard Marin, enseignants-chercheurs à l'Université Toulouse - Jean Jaurès.

Quand la mémoire fait surface

Lors de l’été 2020, la revendication mémorielle a même revêtu une forme paroxystique avec le déclenchement d’une onde iconoclaste. À la suite de la mort à Minneapolis de George Floyd lors d’un contrôle policier et sur la lancée du mouvement Black Lives Matter, né aux États-Unis, une campagne de déboulonnage ou de vandalisation de statues de personnages considérés comme associés à l'esclavage, à la colonisation ou au racisme est menée aux États-Unis et en Europe (Angleterre, France métropolitaine et ultramarine, Italie, Belgique, Portugal).

C’est donc à partir des urgences et des interpellations du présent que nous avons voulu interroger le passé, conscients que ce phénomène de libération de « mémoires blessées », sous-tendu par d’indiscutables enjeux de justice et de dignité, avait trop souvent eu tendance, à partir de son rapport affectif à l’histoire, à la prendre en otage, à la caricaturer et à régler ainsi ses comptes avec un présent interprété comme simple répétition du passé.

Conformément à la démarche historienne, nous avons voulu opposer au réductionnisme et aux lectures manichéennes, la complexité des phénomènes, répondre aux approximations par la précision factuelle et aux anachronismes par une contextualisation rigoureuse.

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Mondes sociaux

Références bibliographiques

Dessens N., Marin R., 2021, Les mots de l’esclavage aux Amériques, Toulouse, Presses Universitaires du Midi.