Dossier

Bien manger : un défi au-delà de nos assiettes

Manger sain, bio, local, diversifié, avec moins de viande, voire sans aucune exploitation animale … et le tout avec plaisir. L’éthique s’invite dans notre assiette au quotidien et dans toutes les conversations. Le consommateur est de plus en sensible aux enjeux environnementaux. Comment rendre la chaîne agro-alimentaire plus vertueuse ? Comment nos convictions se concrétisent-elles autour de la table ?

Éditorial

Par Michèle Marin, INRAE, présidente du comité scientifique de l’Expo-Game « Code Alimentation ».

L’alimentation est un droit de l’Homme, elle est mentionnée dans la déclaration universelle parmi les éléments qu’il convient de garantir à l’humanité. En termes d’enjeu sociétal, le défi est aujourd’hui d’assurer à la population une alimentation répondant à ses besoins quantitatifs et qualitatifs dans un contexte de développement durable. Ainsi, depuis 2010, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (la FAO) définit l’alimentation durable comme une alimentation qui protège la biodiversité et les écosystèmes, est acceptable culturellement, accessibles, économiquement loyale et réaliste, sûre, nutritionnellement adéquate et bonne pour la santé, et optimise l’usage des ressources naturelles et humaines.

L’alimentation recouvre donc plusieurs dimensions dans le champ des connaissances. La dimension biologique est fondamentale. Dès le XIXe siècle, le physiologiste français Claude Bernard a établi les bases de la nutrition moderne. Alors que nous savons qu’une alimentation diversifiée et équilibrée est nécessaire au bon développement de notre organisme, les excès et les déséquilibres alimentaires constatés dans les pays dits industrialisés sont désormais corrélés au développement rapide des maladies non transmissibles en lien avec l’évolution de l’obésité.

Aux mécanismes biologiques, des déterminants psychologiques et sociaux sont intimement associés comme le soulignent Jean-Pierre Poulain et Claude Fischler. Déterminants génétiques et éducations alimentaires, dès le stade du développement fœtal, construisent notre identité. La recherche de plaisir couplée à la dimension culturelle sont également étroitement imbriquées et leurs interactions avec les dimensions physiologiques sont des sujets de recherche d’actualité.

Enfin, il ne faut pas oublier la dimension économique de l’alimentation qui intègre l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire (producteur, transformateur, distributeur, consommateur). L’accès à tous de l’alimentation passe par la réduction des inégalités et oblige à revisiter les modes de gouvernance.

Le partage des données de la science et la connaissance du rôle des acteurs des systèmes alimentaires de l’assiette à la planète sont des leviers majeurs pour permettre au citoyen de retrouver le sens de son alimentation et préparer le futur. Par la diversité des approches disciplinaires mobilisées dans ce dossier, les scientifiques de l’université de Toulouse donnent à découvrir quelques résultats marquants face au défi de l’alimentation durable. Je vous en souhaite une très bonne lecture.

Portrait Michele Marin
© by Leguistin, INRAE

 

Références bibliographiques

  • Pour une alimentation durable. Réflexion stratégique duALIne. 2011. Catherine Esnouf, Marie Russel et Nicolas Bricas coordinateurs. Editions Quae.
  • L’alimentation à découvert. 2015. Ouvrage sous la direction de Catherine Esnouf, Jean Fioramonti, Bruno Laurioux, avec la collaboration de Jean-Pierre Poulain. CNRS Editions.