Comment se racontent les femmes esclaves ?

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Cultures・Sociétés

Comment se racontent les femmes esclaves ?

Playlist de chercheur·e - Stand up... for your rights - micro de podcast

C’est sur un morceau de savon que s’ouvre sa main - son excuse pour avoir disparu quelques heures de la plantation. Le droit à la propreté. Patsey se défend de son geste : elle récolte cinq cents livres de coton par jour - bien plus que n’importe quel homme. Elle mérite ce savon.

Playlist de chercheur·e, le podcast qui fait groover les sciences ! Tendez l’oreille… Un·e scientifique partage sa playlist préférée pour interroger une question de société à travers trois extraits sonores - livre, film ou musique ♫

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La playlist de Laura Martin, doctorante en civilisation américaine :

  • Incidents in the Life of a Slave Girl, Harriet Jacobs, 1861
  • Twelve Years a Slave, Steve Mc Queen, 2013, d’après Twelve Years a Slave, Solomon Northup, 1853
  • Stand Up, Cynthia Erivo, 2019

 

Steve Mc Queen reçoit en 2014 l’Oscar du meilleur film pour son adaptation du roman de Solomon Northup Douze ans d’esclavage (Twelve years a slave). Le réalisateur porte à l’écran ce récit autobiographique d’un homme noir drogué, enchainé et vendu en 1841 comme esclave à un propriétaire blanc d’une plantation de coton à La Nouvelle-Orléans. L’abolition de l’esclavage sera votée et promulguée en 1865 sur le sol étasunien. 

Les grandes muselées de l’époque esclavagiste restent probablement les femmes noires, à l’image de Patsey, jeune esclave tenant tête à son maître dans le film de Mc Queen. Au croisement des enjeux de race et de genre, elles sont aux prises avec des réalités qui leurs sont spécifiques (le viol ou la maternité). Ne pas prêter attention à leur voix, c’est risquer de tomber dans une narration misérabiliste ou débilitante de leurs histoires, ou même dans un voyeurisme sexuel. On parle de « male gaze » pour qualifier ce regard masculin qui prédomine dans la culture visuelle occidentale et qui tend à sexualiser ou objetiser le corps des femmes.

Parce qu’elles n’avaient pas les moyens d’écrire leurs histoires ou le temps de les transmettre, les archives des femmes noires esclaves sont rares. Les retrouver et faire entendre leurs voix relève du devoir de mémoire. C’est de leur côté que se tourne la doctorante Laura Martin, afin de comprendre leurs modalités d’expression dans une société esclavagiste et post-esclavagiste.

 

Laura Martin est doctorante en civilisation américaine à l’Université Toulouse - Jean Jaurès, au sein du CAS - Centre for anglophone studies (Université Toulouse - Jean Jaurès).

 

Playlist de chercheur·e est une série de podcasts Exploreur - Université de Toulouse (Clara Mauler et Hélène Pierre), coproduite avec Campus FM (François Berchenko et Thomas Delafosse). Journaliste : Al Baylac. Visuel : Delphie Guillaumé. Cet épisode a été réalisé dans le cadre de La Nuit européenne des chercheur·es.