Ricardo Chavarriaga : l’éthique avant tout !
1 décembre 2020
7 minutes
Spécialiste des interfaces cerveau-machine, Ricardo Chavarriaga, docteur en neurosciences computationnelles, s’intéresse à une question sociétale : quelles sont les décisions que nous sommes prêts à déléguer à une machine ? Celles qui devront rester l’apanage de l’homme ? Pour le chercheur, la réponse est aux mains des citoyens.
ON-OFF, la nouvelle série des chercheurs toulousains. Le principe : demander aux chercheurs de présenter leurs travaux en 6 minutes et dévoiler quelques traits de leur personnalité. Pour sa première saison, la série a mobilisé cinq chercheurs de l’Institut interdisciplinaire d’intelligence artificielle de Toulouse – ANITI, et se concentre sur le thème des neurosciences. Cette vidéo a été tournée dans le cadre de la programmation de la Nuit européenne des Chercheur.e.s 2020 à Toulouse. Propos recueillis par Valérie Ravinet et Hélène Pierre. Production : UFTMiP. Réalisation et montage : Éditions 138. Tournée à La Cité de l'espace, novembre 2020.
Morceaux choisis
Côté ON
Les neuro-technologies, qu’est-ce que c’est ?
« Ce sont des outils qui nous permettent de mesurer l’activité du système nerveux ou d’y envoyer des signaux. Les neuroprothèses sont l’une des applications les plus étudiées en la matière ; ces membres artificiels peuvent être directement contrôlés par l’information extraite des signaux neuronaux. L’objectif est de contrôler ces membres artificiels de la même façon que l’on contrôle notre propre corps, grâce aux neuro-technologies : elles vont nous permettre d’obtenir les signaux cérébraux, de les dé-codifier en ayant recours à l’IA et en déduire l’intention de la personne. La prothèse fera l’action, l’homme vérifiera qu’elle correspond bien à l’intention, et la boucle entre l’homme et la machine sera complète. »
Côté OFF
Le livre dont vous êtes le héros ?
« Don Quichotte »
Côté ON
Quels sont les risques à faire confiance à l’IA ?
« L’IA est une technologie complexe émergente, qui comporte beaucoup d’inconnu. On n’imagine pas encore l’ensemble des domaines d’application et cela induit des risques. Dernièrement, on a vu que les outils de reconnaissance faciale, entrainés davantage sur des populations blanches, ont des performances médiocres sur les personnes de couleur. Utilisés dans des systèmes de surveillance, ces outils peuvent aboutir à toutes les dérives. C’est pourquoi il est important d’établir des garde-fous pour savoir comment réagir quand des situations négatives apparaissent. La discussion sur l’éthique de l’IA est ouverte. »
Côté OFF
Votre plus joyeuse expérience professionnelle ?
« Travailler avec des personnes en situation de handicap, pour développer des systèmes qui améliorent leur qualité de vie. »
Ricardo Chavarriaga est enseignant-chercheur en intelligence artificielle, apprentissage automatique et neurotechnologies. Il est basé au laboratoire de l’Université des sciences appliquées de Zurich -ZHAW-Datalab. Il dirige le bureau suisse de la Confédération européenne des laboratoires de recherche en intelligence artificielle, CLAIRE.
