Énergie et écologie : à quelles sources se brancher ?

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Énergie et écologie : à quelles sources se brancher ?

Ampoule allumée dans la terre

La question de l’indépendance énergétique est au cœur de l’actualité géopolitique, écologique et des préoccupations des lycéens qui interrogent deux chercheurs dans cet épisode d’Au Crible de la Science. Un podcast réalisé avec et pour les lycéens.

Quelles sont les énergies du futur ? Antimatière, centrale à fusion, supraconducteur, nucléaire, éolien, solaire éclaireront-ils nos maisons ? Existe-t-il une production idéale avec peu d’impacts environnementaux ? Ou faut-il miser sur de nouvelles pratiques de consommation ? La France est-elle plutôt bonne ou mauvaise élève à côté de ses camarades européens ? La guerre en Ukraine ou d’autres événements historiques, rappelant la dépendance énergétique française à d’autres pays, sont-ils des accélérateurs de changements ? Ce sont quelques-unes des questions qu’éclairent l’historien des énergies Alain Beltran et le spécialiste des énergies durables Stéphan Astier.

Morceaux choisis

« La France est un pays qui a toujours été importateur d’énergies. En cas de crise, les situations se tendent. Durant la première guerre mondiale par exemple, le pétrole s’est révélé indispensable pour de nombreuses utilisations. Fin 1917, la France a dû demander aux États-Unis une livraison urgente de pétrole pour faire face à la dernière grande offensive allemande. Autre exemple : le premier choc pétrolier en 1973, avec des prix multipliés par quatre et la crainte d’un embargo. Nous avons déjà connu des situations de crise en temps de guerre, mais malgré les similitudes, en histoire, on ne revit jamais deux fois la même chose. »

« L’histoire des énergies se lit en deux temps : avant et après la révolution industrielle. Avant cette dernière, on s’appuyait sur l’énergie animale, le vent, l’énergie humaine. À partir de la fin du 18ème siècle, c’est l’essor du charbon, donc de la vapeur. Fin 19ème, apparaissent pétrole et électricité, puis le gaz et l’hydroélectricité. Il ne faut pas penser que les énergies se succèdent l’une à l’autre, elles s’empilent. »

« La question énergétique est complexe et suppose des infrastructures et des investissements très lourds, mais aussi une acceptation sociale qui s’inscrit dans le temps. »

Alain Beltran est chercheur au CNRS, rattaché au laboratoire Sirice (Sorbonne, identités, relations internationales et civilisations de l’Europe). Historien, ses recherches portent sur l’économie et les techniques dans le secteur de l’énergie. Il a présidé le comité d'histoire de l'électricité et de l'énergie, une structure dédiée de la fondation EDF.

« Notre consommation énergétique finale est composée à 43% de pétrole et 20% de gaz, nous sommes donc dépendants des importations de combustibles fossiles à hauteur de 63%. »

« Dans les stratégies bas carbone, à l’horizon 2050, les scénarios prévoient des baisses de consommation, grâce à une efficacité énergétique améliorée, mais aussi plus de sobriété dans nos usages. »

« Si on veut décarboner, le potentiel permettant de répondre aux besoins d’une énergie décarbonée, il est dans le renouvelable. Le nucléaire est également décarboné, mais au niveau mondial, il pourrait couvrir, avec les réserves prouvées que l’on peut mettre en œuvre dans les technologies maîtrisées actuellement, au maximum 20% de l’électricité mondiale. Tout le reste sera couvert par des énergies renouvelables. »

« Il y a des choses plus futuristes… On parle d’énergie thermonucléaire (…) C’est un continent de recherche et développement qui est ouvert depuis 60 ans. Et qu’il faut encore explorer. L’énergie thermonucléaire, si elle arrive à maturité, ce sera aux environs de 2080, donc elle n’est pas du tout prête à répondre aux problèmes actuels de la transition. Quant à l’antimatière, on n’en trouve pas libre dans notre univers. Il s’agirait de la fabriquer, ce qui serait extrêmement gourmand en énergie. C’est de la science-fiction. Ça permettrait de stocker de très grandes quantités d’énergie pour envisager un voyage intersidéral, avec un vaisseau, au prix d’une très grande consommation d’énergie. »

Stéphan Astier est chercheur à l’Institut national polytechnique de Toulouse et au laboratoire Laplace (laboratoire plasmas et conversion d’énergie). Spécialiste des énergies et du développement durable, il a contribué à développer des formations transversales orientées énergies et développement durable.

 

Références conseillées par les invités

 

 

Consulter le dossier pédagogique de la thématique Environnement

 

au crible de la science
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Le podcast Au Crible de la Science est une coproduction Exploreur Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées - Quai des Savoirs.
Présentation : Valérie Ravinet
Préparation : Catherine Thèves
Réalisation : Arnaud Maisonneuve
Technique : Thomas Gouazé

Production radiophonique conçue en partenariat avec le Ministère de la Culture, l'Académie de Toulouse, le CNRS et Campus FM.